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1.12.24

Ding-Gukesh. Championnat du monde d'échecs 2024. Le point après 6 parties.

 La première semaine du match est terminée. C'est le moment de faire un résumé des 6 premières parties (sur les 14 prévues). Qui domine ? Entre un champion du monde tétanisé (Ding) et un challenger (Gukesh) pas habitué à ce type de compétition, le match s'avère indécis.


1ere partie. 25 novembre.

Gukesh a les Blancs. L'Indien joue 1.e4 et Ding réplique par la défense française (1..e6). Le challenger décide de jouer une ligne secondaire et surprend Ding, qui réfléchit 27 minutes au 7e coup et qui a déjà consommé les 2/3 de son crédit de temps après 15 coups.

Gukesh a même prévu une nouveauté. Il semble que les Blancs aient un clair avantage mais ce n'est pas si évident que cela. Ding trouve l'équilibre et Gukesh se met à réfléchir... et enchaîne les décisions douteuses. Ding prend l'avantage et gagne du matériel. Gukesh tente alors, maladroitement, de lancer l'attaque pour compenser son déficit. Il rate une chance ; Ding est précis dans les derniers coups. Il contraint Gukesh à l'abandon au 40e coup.

1-0 Ding. C'est la surprise totale, d'autant plus qu'il s'impose avec les pièces noires.

2e partie. 26 novembre.

On pourrait imaginer Ding, avec le regain de confiance, vouloir enfoncer le clou et battre Gukesh avec les Blancs. Le Chinois choisit une ouverture tranquille, la partie italienne des quatre cavaliers. Il obtient un petit avantage, sans risque avec peu de chances de gain cependant. Il aurait pu pousser un peu plus, comme le faisait Magnus Carlsen. Non, il accorde la nulle au 23e coup. Pourquoi ? Difficile de donner une explication plus qu'une autre. La principale vient de l'état psychologique de Ding : trop heureux d'avoir gagné la première partie, il estime qu'avoir l'avance après 2 parties est déjà une bonne chose, surtout si c'est sans trop souffrir. On peut aussi penser que le Chinois n'a pas envie de s'épuiser physiquement dans une position avec peu de chances de gain, en sachant qu'il jouera le lendemain avec les Noirs. Le championnat du monde se décidera plus dans le psyché du champion du monde que sur le niveau de jeu des deux joueurs.

1,5-0,5 Ding.

3e partie. 27 novembre.

Gukesh change son premier coup : il joue 1.d4. La partie tombe dans un gambit dame variante d'échange bien connu. Ding est bien préparé et joue rapidement. Les Blancs ne semblent pas avoir grand-chose. Notons le placement osé du fou noir en c2 du Chinois, qui joue actif.

A la sortie de l'ouverture, les Blancs n'ont rien. Ce sont même les Noirs qui sont légèrement mieux. Mais le coup 18e coup noir Th5 bascule la partie en faveur du challenger. Ding va perdre son fou c2 sans compensation suffisante. La partie dure jusqu'au 37e coup où le champion du monde perd au temps dans une situation sans issue. Gukesh a égalisé à 1-1. Il semble que l'Indien va dominer sur le plan tactique, sans que lui-même ne joue au niveau de ses derniers tournois.

4e partie. 29 novembre.

Après une journée de repos voici une séquence de 3 parties où Ding aurait 2 fois les Blancs à son tour.

La 4e montre la stratégie du Chinois : éviter les préparations poussées de Gukesh en ne jouant pas les grandes lignes et en variant les ouvertures. La partie n'est pas ultra-passionnante mais les deux joueurs jouent bien, sans faire d'erreurs. L'équilibre initial est finalement maintenu mais Ding ne joue pas les ouvertures pour prendre l'avantage ; il joue pour ne pas perdre ou pour forcer Gukesh à jouer par lui-même sans sa préparation. C'est plutôt bien joué mais ça ne garantit pas l'avantage.

2-2.

5e partie. 30 novembre.

Gukesh revient à 1.e4 et Ding rejoue la défense française. Les Blancs décident de jouer la variante d'échange mais le coup 5...c5 les surprend. Gukesh décide d'éviter la préparation adverse et échange les dames. On arrive dans une position symétrique et plate. Mais l'Indien perd le fil et commet une imprécision. Ding joue bien et prend le dessus... jusqu'à forcer la nulle alors qu'il a un pion de plus. Pourquoi ? Il déclara qu'il n'avait pas perçu l'ampleur de son avantage. Peut-être. Mais plus encore que la 2e partie, on se demande pourquoi il n'a pas poussé plus loin. Il ne cherche pas à mettre Gukesh dans les cordes.

2,5-2,5.

6e partie. 1er décembre.

Ding joue 1.d4 et la partie aboutit à un système de Londres. Ce début flexible a l'avantage de n'avoir pas été autant étudié que d'autres débuts, même s'il ne promet pas plus et que les super grands-maitre l'ont évidemment examiné. La préparation du Chinois est énorme mais Gukesh trouve les bons coups. On fonce vers une répétition de coups dans une position sans les pièces mineures.

Et puis... Gukesh la refuse, alors qu'il n'est pas mieux et qu'il n'a pas de chance de gain sérieuse. Ding prend l'avantage mais il ne joue pas un ou deux coups plus ambitieux. La finale de tours arrive et les deux joueurs concluent par la nulle. Mais la dimension psychologique d'un tel match ressort : pourquoi Gukesh s'est-il compliqué la tâche ? Pourquoi Ding ne cherche-t-il pas à jouer des positions où il n'a quasiment aucune chance de perdre ?

Après 6 parties, le score est de 3-3.

La 7e aura lieu mardi. Elle marque la fin de la première moitié du match.


1 commentaire:

  1. Perso pas trop emballé par le match, niveau de jeu, attitude dans le jeu de Ding et surtout aucun des 2 joueurs n'est vraiment le meilleur joueur du monde.
    Après si c'est Gukesh qui gagne c'est mieux d'après moi.
    Même si Magnus semble encore un peu au dessus au moins dans ce cas on pourra parler d'un début de passage de relais intergénérationnel.

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