En pleine saison estivale, où les sports collectifs européens sont au repos (enfin presque), c'est l'occasion de faire le point sur les ligues majeures de baseball et d'approcher la notion de joueur générationnel qui ressort à tous vents.
MLB. Le point.
Le traditionnel All-Star Game estival s'est tenu hier à Seattle. Pour la première fois depuis 2012 la ligue nationale l'a emporté sur la ligue américaine (3-2). La veille, Vladimir Guerrero Jr a remporté le concours de HR ; il le fait une quinzaine d'années après son père et c'est une première de ce genre. On notera que le local de l'étape, Julio Rodriguez, a frappé 41 HR lors du premier tour (un record) et que le joueur des Baltimore Orioles -on en reparlera dans cet article- Adley Rutschmann a frappé des HR des deux côtés (il est ambidextre).
Faisons aussi le point sur la saison au moment de la pause des étoiles.
On commence par la ligue américaine.
Et puis, arrêtons-nous à cette pitoyable division centrale.
Aux Guardians, l'attaque va mieux même si le déficit de puissance est rédhibitoire. Mais on enchaîne. Le problème vient plus des lanceurs et j'en avais déjà parlé. Très sollicité pour sauver des maigres acquis, Emmanuel Clase n'est pas aussi bon que l'an passé. Mais il est All-star et compte déjà 25 sauvetages en 31 situations (42 en 2022). La relève est donc un petit peu moins bonne mais surtout les questions se posent autour des lanceurs partants. D'abord à cause des blessures : Triston McKenzie est blessé et veut échapper à l'opération Tommy John qui l'éloignerait des terrains jusqu'en 2024 au moins. Ensuite Cal Quantrill et Aaron Civale (qui revient enfin de blessure). Puis Shane Bieber : le Cy Young 2020 connaît une période difficile. Cela peut s'ajouter aux rumeurs de transfert qui l'accompagne depuis un moment. N'ayant pas signé de prolongation, il pourrait être échangé d'ici la fin du mois pour que les Guardians aient une contrepartie assez importante. Mais comme d'habitude, Cleveland sort des jeunes prometteurs : Tanner Bibee, Gavin Williams débarquent plus tôt que prévu dans les ligues majeures.
On continue avec la ligue nationale.
Les Braves d'Atlanta sont la meilleure équipe de la MLB. Il suffit de rappeler qu'ils ont gagné la série contre Tampa Bay, le week-end dernier, pour le rappeler. Ils semblent même les premiers favoris pour gagner la Ligue mondiale, tant ils sont forts partout. Et Ronald Acuña sort une saison exceptionnelle (33,1% de moyenne, 21 HR et 41 buts volés en 89 matchs).
Poussifs, les LA Dodgers commencent à enchaîner mais ils doivent repousser des Arizoniens bien plus tenaces qu'on l'imaginait. Et dans la centrale, les Reds de Cincinnati ont décidé de sortir du bois leur jeune arrêt-court, Ellys De La Cruz. En 30 matchs joués depuis son arrivée, les Reds en ont gagné 22 et le jeune prodige a réussi à voler la deuxième, la troisième et la dernière base dans une seule manche.
Contrairement à la ligue américaine, les favoris d'avant saison déçoivent dans leur majorité. Les New York Mets alignent les gros contrats et les désillusions. Les Cardinals de Saint-Louis sont derniers d'une faible division et les Padres de San Diego n'y arrivent tout simplement pas. Par contre, outre les Reds, on voit la superbe saison des Miami Marlins où Luis Arraez frappe pour 38% (soit un tiers de plus que la moyenne de la MLB).
En tout cas, les changement lancés cette saison sont productifs : les matchs durent moins longtemps (environ 30 minutes de moins), il y a bien plus de vols de buts, la moyenne de frappe augmente un peu (environ 2% ce qui n'est pas mince sur autant de matchs joués).
Draft.
En ce début de semaine, la MLB a organisé sa draft. C'est le lanceur, champion universitaire, Paul Skenes, qui a été sélectionné en premier par les Pirates de Pittsburgh. Le lanceur de Louisiana State rappelle beaucoup ce qu'était un autre ancien numéro 1, Stephen Strasburg. Son coéquipier de LSU, Dylan Crews, est sélectionné en deuxième choix par les Nationals de Washington. Le jeune Français Mathias Lacombe a été repêché au 12è tour (359è rang) par les White Sox de Chicago (NB. Il y a 20 tours de draft). Il est après Joris Bert, 15 ans plus tôt, le deuxième Français à être repêché en MLB. Mais il le sait, ce sera très très dur et très long pour atteindre les majeures : seuls 5% des draftés y arrivent.
Joueurs générationnels.
Dans le vocabulaire actuel, il est courant d'employer une expression pour désigner un joueur hors du commun, ou dont on attend une carrière hors du commun : joueur générationnel.
Ces dernières semaines, on a drafté deux joueurs classés comme tels :
- Victor Wembanyama, l'intérieur français. Je ne vais pas en rajouter car tous les médias en parlent. On le qualifie de joueur générationnel en raison d'une taille immense (2,21 ou 2,24m) liée à une mobilité, une technique hors du commun pour un joueur de cette taille. Certains pensent qu'il va révolutionner le jeu. Mais peut-on révolutionner un jeu quand on est seul à être dans cette catégorie ? Peut-être si on change certaines règles comme on l'a fait avec le Shaq. Evidemment dans la NBA actuels, LeBron James, Kevin Durant et Stephen Curry (qui a révolutionné le jeu avec son adresse à 3 points) sont vraiment générationnels.
- Connor Bedard, attaquant canadien, drafté par les Chicago Blackhawks en NHL. A priori, il faut s'appeler Connor pour être dans la catégorie des immenses. Un autre (McDavid) règne sur la NHL avec des stats folles qui rappellent la légende Gretzky dans les années 1980.
Wemby a fait son apparition en Summer League. Il faut prendre ses prestations pour ce qu'elles valent. Pas grand-chose. Comme pour Bedard, on aura un début de réponse dans 3 mois quand la saison régulière commencera.
Les deux autres sports majeurs ont-ils des joueurs générationnels ?
- En NFL, on qualifie Trevor Lawrence (Jacksonville Jaguars) de joueur générationnel quand il a été drafté il y a deux saisons. Après une saison misérable, gâchée par un coach catastrophique, Lawrence a commencé à répondre aux attentes l'an passé. Les Jaguars sont même allés en play-offs (demi-finale de conférence). La pente est ascendante.
Cependant, je qualifierai d'autres joueurs de "générationnels". Outre Aaron Rodgers et le retraité Tom Brady, le joueur générationnel par excellence reste Patrick Mahomes : 2 Super Bowls, 1 autre joué (et perdu) et des finales de conférence à chaque saison jouée. Mahomes a fait évoluer le poste de quarterback.
C'est la première fois depuis un siècle, depuis un certain George Herman "Babe" Ruth (considéré comme le plus grand joueur de l'histoire de la MLB) , qu'un joueur excellait de la sorte. Ohtani marque tellement son époque que la MLB a aménagé des règles, dites Ohtani : un lanceur peut aussi être frappeur désigné même quand il est remplacé sur le monticule (Ohtani frappe quand il est lanceur partant ou pas). Enfin, un 26ème joueur (les alignements comprenaient 25 joueurs avant) peut tenir le rôle de lanceur et de frappeur dans l'effectif.
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