8 juillet 2025. Les Guardians de Cleveland s'inclinent 7-2 contre les Tigers de Detroit, qui dominent leur division et même la ligue américaine. Les Guardians se retrouvent à 14,5 matchs des Tigers dans l'AL Central et ont enchaîné une 10e défaite consécutive. Avec un dossier de 40 victoires et 48 défaites, c'est fini... normalement !
27 septembre 2025. En battant les Rangers du Texas (3-2) sur un "hit by pitch" en 9e manche, les buts remplis, les Guardians valident leur qualification pour les playoffs en ayant rattrapé les Tigers. La remontada est complétée.
Une saison en montagnes russes.
Elle avait commencé plutôt correctement cette saison régulière 2025. Au 30 avril, soit après un peu plus d'un mois de compétition, les Guardians ont un dossier de 17-13. Mais un dossier très flatteur : un différentiel de -25, expliqué par une attaque souvent en panne et des lanceurs partants pas réglés. Mais aussi, et c'est le cas pour toute la saison, une capacité à gagner les matchs serrés, en prolongation notamment.
Mai n'est pas fantastique mais les Guardians sont à 31-26 au 31 mai. Les Tigers ont déjà 6 matchs d'avance et les Guardians sont à la lutte avec les Twins (31-26) et les Royals (31-28). Mais rien ne s'est franchement amélioré.
Juin voit les Tigers s'envoler et les Guardians plonger comme les deux autres rivaux de division. Cleveland n'a gagné que 9 matchs pour 16 défaites. Et l'équipe finit le mois sur une série de 4 défaites, qui en seront 10 consécutives. Detroit a 11 matchs d'avance. A l'issue de cette série désastreuse, les Guardians sont à 40-48 (avec 15,5 matchs de retard sur les Tigers). Avant la pause du All-Star game (13 juillet), ils ont redressé un peu la barre : ils sont à 46-49 mais en 4e position, à 12 matchs des Tigers.
Tout va contre les Guardians : l'attaque est nulle et ne repose que sur 3-4 joueurs : Steven Kwan, qui se rend sur les sentiers, Jose Ramirez qui produit les points, Carlos Santana le vétéran qui accuse l'âge au bâton et Kyle Manzardo, qui claque quelques home runs de temps en temps. Le reste est sur courant alternatif, avec plus de panne que d'électricité. Les joueurs qui ont émergé l'année dernière, sur qui le staff des Guardians comptait, ne répondent pas présents. Les blessures aussi : outre Shane Bieber, qui récupère après une opération Tommy John qui l'éloigne depuis avril 2024, on a aussi David Fry (longuement blessé) et Lane Thomas (qui n'a joué que 39 matchs cette saison) sont sur le flanc. Les deux n'ont pas eu le même rendement que l'an passé (surtout Fry qui a été All-Star en 2024).
Ajoutez à cela la mise à l'écart de deux lanceurs : Luis Ortiz et Emmanuel Clase. Ils sont soupçonnés d'être mêlés à des paris douteux (alors que d'autres condamnés pour violence conjugale sont mis en avant). Clase surtout est un problème : c'est le releveur numéro un des Guardians, qui sort d'une saison exceptionnelle. Mais son début a été décevant puis il est revenu. En plus, Cleveland comptait bien l'échanger avant la fin de juillet. C'est tombé à l'eau.
Bref tout va mal. Pendant ce temps, on se dit que les Tigers vont avoir le meilleur bilan de la MLB et qu'ils peuvent déjà songer à préparer les playoffs.
Revenons à la saison. Au 31 juillet, les Guardians sont revenus à l'équilibre (54-54) à 9 matchs des Tigers. Le marché des transferts s'achève : comme d'habitude, les Guardians sont plus vendeurs qu'acheteurs ; ils ont échangé Shane Bieber aux Blue Jays de Toronto alors qu'il n'a pas lancé de l'année pour Cleveland (il a fait son premier départ juste après son transfert). Ils ont aussi échangé aux Tigers le lanceur vétéran Paul Sewald, qui n'a pas eu un bon rendement. Le dégraissage a continué un peu en août : Carlos Santana est libéré et signe aux Cubs, qui sont en pleine course pour les playoffs (qu'ils atteignent tranquillement).
Revenons à la saison. Au 31 août, Guardians sont 3e avec un dossier de 68-67, à 10 matchs des Tigers et juste derrière les Royals de Kansas City. Avec 27 matchs à jouer, la division est inatteignable et pour décrocher une wild card, il faut rattraper du monde (les Mariners, derniers qualifiés, sont 4 matchs devant). Les Guardians ont connu un bon début de mois (9 victoires en 10 matchs) mais entre les 15 et 25 août, ils perdent 10 matchs sur 11. Rédhibitoire. Le 4 septembre, les Guardians sont même repoussés à 11 matchs des Tigers et sont troisièmes de la division centrale. Ils avaient alors 2% de chances de se qualifier pour les séries.
Et puis, le rush. Entre le 5 et le 24 septembre, les Guardians remportent 17 de leurs 19 matchs. Ils infligent même un double blanchissage aux Twins sur un programme double (deux matchs joués dans la journée). Ils sont revenus dans la course à la division et à la wild-card. En plein milieu de cette séquence, un déplacement à Detroit : 3 matchs et 3 victoires. Mais une telle séquence ne suffirait pas si les Tigers ne s'effondraient pas. Du 11 au 24 septembre, ils ne gagnent qu'un seul match et enchaînent 8 défaites de suite. Et voilà la série entre les Guardians et les Tigers qui se dispute à nouveau la semaine dernière. Si les Guardians gagnent la série, ils prennent la tête de la division. Ils remportent les deux premiers matchs et prennent la tête solitaire de la division. La victoire des Tigers dans le troisième leur permet à la fois de revenir à égalité avec les Guardians mais aussi de stopper cette terrible séquence. Pour autant, les Gardiens sont assurés de devancer les Tigers au départage. Ils n'en auront pas besoin : ils gagnent la série contre les Rangers et terminent avec un dossier de 88-74, une victoire de plus que Detroit.
Ecroulada
Dans le même temps, deux autres drames (pas pour moi) se produisent : les Astros étaient bien partis pour gagner l'AL Ouest et se qualifier sans histoire. Les voilà décimés par les blessures, rattrapés et balayés par les Mariners de Seattle qui gagnent un premier titre de division depuis 2001. Quant aux New York Mets, ils avaient le meilleur bilan de la MLB en mai avant de glisser et de perdre le dernier match de la saison alors qu'une victoire les auraient qualifiés. C'edt l'autre franchise de l'Ohio, les Refs de Cincinnati de l'ex-manager des Guardians Terry Franconax qui prenne t le dernier billet.
Quand on regarde le parcours de la saison depuis juillet, on constate que les Guardians ont enchaîné les séries de victoires, suivies de séries de défaites, puis encore de victoires, etc. Jusqu'au rush de septembre. Le baseball est une affaire de séries et l'équipe la plus en réussite est celle qui ira le plus loin.
Ne jamais renoncer.
Un fait : depuis le 8 juillet, les Guardians sont la meilleure équipe de la ligue américaine (et la 2e des majeures derrière les Milwaukee Brewers) en terme de bilan.
Qu'est-ce qui a changé ? Le manager Stephen Vogt déclara au début du mois de juillet que le bout du tunnel arrivait. Un discours classique et résolument positif ; on l'a déjà vu l'an passé où les Guardians sont allés en finale de ligue. Vogt est un meneur et il ne manque pas d'idées, notamment pour gérer son effectif. Il a su composer avec les absences : il a promu Cade Smith en releveur numéro un définitif. Son groupe de releveurs était bon mais a haussé son niveau pour rappeler celui de l'an passé. Le tout sans son ex-releveur premier, Emmanuel Clase.
Ensuite la rotation a aussi changé de vitesse. S'il n'y a pas de vrai numéro un pour l'instant, on a vu tout ce jeune monde produire des départs de plus en plus qualitatitfs et de plus en plus fréquemment, à l'image de Gavin Williams et de Slade Cecconi. Toujours soucieux de préserver les bras, Vogt a eu une idée rarement exploitée : au lieu d'avoir un groupe de 5 partants, il en a ajouté un 6e. Et les résultats ont été très efficaces. Jamais une équipe n'avait remonté un tel retard au classement pour se qualifier en playoffs.
L'attaque, elle a été un peu meilleure. Jose Ramirez réalise une nouvelle saison à plus de 30 home runs et 30 buts volés (il en a même 40), ajoutés au 30 doubles frappés. Mais il manque de soutien, notamment dans la deuxième partie de l'alignement. Légende sans en avoir l'air, le Dominicain aurait une rue à son nom à Cleveland. Totalement mérité car il pourrait bien devenir le meilleur joueur de l'histoire de la franchise (au moins en joueur de champ).
Qu'attendre des playoffs ?
Il y a les playoffs et franchement, j'ai du mal à voir les Guardians aller plus loin qu'une série de division. Ils devront jouer le wild-card round en 3 matchs contre les Tigres (une troisième fois en trois semaines). Malgre les 5 victoires sur les 6 dernières confrontations, c'est une autre histoire qui va commencer. Je considère la saison comme réussie, surtout vu le scénario. On notera qu'il se profile un magnifique Yankees-Red Sox en été d'affiche de ce premier tour !
Une saison historique.
Elle est historique car on a vu des exploits incroyables cette saison. Pas tellement au niveau des lanceurs mais pour les frappeurs. Avec 60 HR, Cal Raleigh a porté les Mariners de Seattle, même dans un stade défavorable à la longue balle. Il a battu plusieurs records : record de franchise pour les home runs, pour un receveur et pour un frappeur ambidextre. Entré dans ce monde fermé des frappeurs à plus de 60 HR, il est le seul de la ligue américaine à l'avoir fait dans un autre uniforme que les Yankees (les autres, Babe Ruth, Roger Maris et Aaron Judge l'ont réussi pour New York)§.
On a aussi d'autres joueurs qui ont claqué les 50 HR. Shohei Ohtani (LA Dodgers) l'a reproduit (55 record de franchise), en plus d'avoir retiré 50 frappeurs au bâton. Kyle Schwarber (56) a fracassé le mur des 50 HR pour les Phillies. Et Aaron Judge vient d'atteindre aussi la marque. Et tout ceci, dans une ligue où la moyenne au bâton ne cesse de baisser : le pompon revient aux... Guardians avec une moyenne à 22,5% de réussite (et la troisième pire attaque de la MLB, le quatrième meilleur pitching et la 4e moins bonne défense).
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